À quelques jours du référendum constitutionnel au Gabon, la question du débat télévisé sur le projet de constitution continue de diviser les acteurs politiques. La réponse du Premier ministre de la Transition, Raymond Ndong Sima, à l’initiative lancée par Alain-Claude Bilie-By-Nzé, ancien Premier ministre, met en lumière les tensions croissantes et les divergences sur la légitimité du processus.
Une Proposition Ignorée
Le 7 novembre 2024, Bilie-By-Nzé a proposé un débat télévisé public afin de permettre aux Gabonais de se forger une opinion éclairée sur le projet de constitution. Il estimait qu’un tel débat était essentiel pour la transparence et la démocratie. Cependant, la réponse de Ndong Sima a été perçue comme une esquive, soulignant des justifications protocolaires. Il a expliqué que Bilie-By-Nzé, ancien Premier ministre, ne pouvait pas revendiquer un débat avec les figures de l’État actuel, telles que le Président de la Transition ou le Premier ministre.
Un Refus Contesté
Bilie-By-Nzé a vivement critiqué cette position, estimant qu’elle relevait d’une volonté délibérée de fuir la confrontation démocratique. Il a souligné que l’absence de débat, à moins de cinq jours du scrutin, risquait de nuire à la légitimité du processus. Il a aussi rappelé que les autorités actuelles, issues d’un coup d’État, ne pouvaient se prévaloir d’un mandat populaire pour imposer une réforme sans débat public.
Une Confrontation Partielle sur la Chaîne Nationale
Le dimanche 10 novembre, un débat télévisé a eu lieu sur la chaîne nationale entre les partisans du « OUI » et du « NON ». Cependant, la qualité de cette confrontation a laissé beaucoup à désirer. L’émotion a largement pris le pas sur le véritable objet de l’émission, empêchant ainsi les Gabonais d’être pleinement édifiés sur les enjeux du projet de constitution. Les échanges passionnés ont souvent obscurci les arguments de fond, et les téléspectateurs n’ont pas eu l’opportunité de comparer les points de vue de manière approfondie.
Un Débat Essentiel pour la Légitimité
Le cœur du différend réside dans la légitimité du projet de constitution. Bilie-By-Nzé considère ce texte comme un projet imposé, défendu sans concertation réelle avec le peuple gabonais. De son côté, Ndong Sima défend le projet comme un besoin pour le pays, tout en offrant sa disponibilité pour un débat à tout moment, mais dans un cadre qu’il juge approprié.
Le Temps Presse
À l’approche du référendum, la question du débat public reste ouverte. Bien que la confrontation du 10 novembre ait permis un échange entre les camps, elle n’a pas éclairé suffisamment les Gabonais sur le contenu du projet. La campagne continue de diviser, et les Gabonais devront se prononcer sur un projet dont les enjeux n’ont pas été explorés de manière satisfaisante. Cette absence de débat de fond pourrait-elle affecter la légitimité du référendum ? Le sort du projet de constitution en dépendra.