Réfugié au Gabon depuis plusieurs années après avoir fui le Cameroun, Ramon Cotta multipliait les attaques virulentes contre le régime de Paul Biya sur les réseaux sociaux. Il pensait probablement être à l’abri à Libreville, mais il s’est trompé. Avec le réchauffement des relations diplomatiques entre Libreville et Yaoundé depuis la chute du régime d’Ali Bongo Ondimba et l’arrivée au pouvoir de Brice Clotaire Oligui Nguema, dont les relations avec Paul Biya sont excellentes, Ramon Cotta a été pris au dépourvu.
Enlevé par des inconnus au cœur du plus grand marché de Libreville, Mont-Bouët, où il tenait une activité commerciale, ses proches étaient sans nouvelles de lui depuis le vendredi 19 juillet 2024. Après 72 heures, l’activiste camerounais est apparu dans une vidéo devenue rapidement virale. Menotté et entouré par des membres des forces de sécurité gabonaises à Kye-Ossi, la ville frontalière entre le Gabon et le Cameroun, il demande pardon aux autorités de son pays d’accueil, mais surtout à Paul Biya, qu’il appelle désormais son “père”.
Il serait accusé d’activités subversives contre le président camerounais, et son extradition aurait été facilitée par une collaboration entre les gouvernements gabonais et camerounais, selon le média en ligne Camerounweb. En plus de ses critiques acerbes contre le régime de Paul Biya, qu’il accusait de mauvaise gouvernance, Ramon Cotta avait des relations tendues avec l’ambassadrice du Cameroun au Gabon, Ngaeto Zam Edith Félicie Noëlle. Il dénonçait régulièrement la hausse des frais de délivrance des cartes consulaires et d’autres documents administratifs fournis par l’ambassade du Cameroun au Gabon.
Autrefois refuge pour les Camerounais opposés au pouvoir de Paul Biya, le Gabon semble ne plus jouer ce rôle.
