Dans un contexte de transition politique au Gabon, la remise d’un projet de nouvelle Constitution au Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, soulève de vifs débats. Ce document, élaboré par des intellectuels gabonais, est désormais au cœur de controverses, avec des critiques soulignant des incohérences et des risques de régressions démocratiques. Le Président a également lancé un appel à voter « Oui » lors du référendum à venir, ajoutant une dimension supplémentaire à la controverse.
Des Contradictions Notables
L’analyse du projet de Constitution met en lumière des contradictions flagrantes. Alfred Nguia Banda souligne que « le préambule prône l’unité nationale et la souveraineté », tout en « excluant certains groupes, comme la diaspora et les personnes handicapées, de la vie politique. » Ces incohérences soulèvent des interrogations sur la cohérence et l’intention des rédacteurs, ainsi que sur leur vision d’un cadre institutionnel réellement inclusif.
Parmi les articles critiqués, on trouve :
Article 28 : « L’État assure la participation des Gabonais résidant à l’extérieur à la vie de la Nation » tout en étant en contradiction avec l’article 53 qui exclut les membres de la diaspora des élections présidentielles.
Article 32 : « L’État garantit aux personnes vivant avec un handicap l’égal accès aux emplois et services », alors que l’article 53 écarte les handicapés de la course à la présidence.
Article 46 : « Cet article prône l’égal accès des femmes, des hommes, des jeunes et des personnes vivant avec un handicap aux mandats électoraux » en contradiction avec l’article 53 qui exclut les handicapés.
Un Risque de Recul Démocratique ?
Les restrictions proposées concernant l’éligibilité à la présidence suscitent de vives inquiétudes. Les critères de nationalité dans l’article 53, stipulant que « sont éligibles à la Présidence de la République tous Gabonais nés de père et mère gabonais », pourraient disqualifier de nombreux candidats, évoquant des pratiques autoritaires qui menacent l’esprit d’ouverture tant espéré. Des figures politiques comme Bilie-By-Nze s’élèvent contre ces mesures, affirmant qu’elles pourraient renforcer un régime de contrôle plutôt que de favoriser une démocratie pluraliste.
Le Rôle Crucial des Intellectuels
Dans ce contexte, les intellectuels sont appelés à jouer un rôle prépondérant. Leur responsabilité consiste à produire un cadre juridique rigoureux et créatif qui transcende les intérêts partisans. Ils doivent contribuer à la construction d’un véritable dialogue national et à la consolidation d’un avenir démocratique pour le Gabon.
En somme, alors que le Gabon se trouve à un tournant historique avec un projet de Constitution qui suscite de nombreuses interrogations, la nécessité d’une réforme véritable et inclusive se fait pressante. Les incohérences soulignées par des voix critiques comme celles d’Alfred Nguia Banda mettent en lumière des enjeux cruciaux pour l’avenir politique du pays, tandis que les tensions croissantes entre le CTRI et les opposants renforcent l’importance d’un dialogue national constructif pour éviter un recul démocratique.