Après plusieurs semaines de silence, l’homme d’affaires et figure politique gabonaise Hervé Patrick Opiangah a brisé son mutisme ce samedi 15 décembre 2024. Accusé de tentatives de déstabilisation, de viol, d’inceste et de séquestration, il s’est exprimé à travers une vidéo diffusée sur Le Balcon, l’émission du journaliste et activiste Jonas Moulenda. L’intervention, qui a fait grand bruit, mêle défense personnelle et appel à la réconciliation nationale.
Un discours stratégique sous haute tension
Apparaissant dans une tenue simple, éloignée de son image habituelle, Opiangah a tenu un discours à la fois combatif et conciliant. Il a dénoncé ce qu’il qualifie de « cabale politique » et justifié son silence récent par des raisons de sécurité. « Je n’ai pas fui », a-t-il déclaré, soulignant que son retour dans l’espace public vise à restaurer son honneur face aux « manipulations » qu’il impute à des acteurs politiques malveillants.
L’ancien proche du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a évoqué une conspiration en préparation depuis des mois pour nuire à sa réputation et à son intégrité. « Les accusations portées contre moi sont infondées », a-t-il martelé, avant de détailler ce qu’il considère comme des irrégularités dans la procédure, notamment lors des perquisitions menées à son domicile.
Des accusations rejetées point par point
Opiangah s’est longuement défendu contre les charges qui pèsent sur lui. Concernant les sommes saisies à son domicile (175 millions de francs CFA), il a affirmé pouvoir en justifier l’origine, invoquant une carrière de plus de 40 ans. Sur les accusations de viol, d’inceste et de séquestration, il a dénoncé des incohérences dans les plaintes, qu’il attribue à des motivations politiques.
Il a également rappelé avoir déposé plainte en novembre pour dénoncer une conspiration à son encontre. « Tout cela est orchestré pour m’écarter du débat national et fragiliser ma position », a-t-il insisté.
Un appel à la paix et à l’unité nationale
Au-delà de sa défense personnelle, l’homme politique a adressé un message fort au président de la transition. Saluant leur collaboration passée, il a invité Oligui Nguema à transcender les divisions pour préserver la stabilité du pays. « Nous avons œuvré ensemble pour la paix et la stabilité. Cela doit primer sur les querelles actuelles. »
S’adressant également à d’autres figures politiques, dont Paulette Missambo, François Ndong Obiang et Albert Ondo Ossa, Opiangah a plaidé pour un retour au dialogue. « Ce qui se passe ne nous honore pas. Nous devons œuvrer pour une accalmie et préserver l’unité nationale. »
Un avenir politique incertain
L’intervention de Hervé Opiangah, bien qu’attendue, soulève de nombreuses questions. S’agit-il d’une tentative sincère de réconciliation ou d’une manœuvre pour regagner du terrain dans l’arène politique ? Alors que les accusations judiciaires continuent de peser sur lui, son plaidoyer pour la paix pourrait trouver un écho dans une opinion publique lassée par les querelles de pouvoir.
Ce nouvel épisode dans la vie politique gabonaise met en lumière les tensions au sommet de l’État, mais aussi l’urgence d’un apaisement dans une période de transition fragile. Reste à savoir si l’appel d’Opiangah sera entendu par ses anciens alliés, à commencer par Oligui Nguema.